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Accepter pour lâcher prise



Pour comprendre ce que veut dire accepter, il faut déjà comprendre ce qu'on entend par "ne pas accepter".

Parfois, nous avons des pensées, des sentiments ou des sensations corporelles qui émergent, auxquelles nous réagissons.

Par exemple, nous pouvons être systématiquement agacés par une habitude de notre partenaire. Nous ne pouvons pas nous empêcher de nourrir cet agacement en constatant que une fois de plus, il/elle n'a pas pris en compte notre demande, qui peut-être simplement de ne pas disposer la vaisselle sale dans l'évier mais ne la mettre directement dans le lave vaisselle ou qu'il/elle n'a pas ranger ses chaussures directement dans le placard en rentrant du travail. Les raisons de notre agacement peuvent être extrêmement variées. C'est avec un agacement croissant que nous lui faisons remarquer pour la énième fois qu'il/elle n'a encore pas pris en compte notre demande ou nos remarques. Si cette chose est si importante pour moi, pourquoi il/elle ne fait pas tout pour me satisfaire? Je n'accepte donc pas que quelqu'un, en l’occurrence la personne avec qui je vis, puisse agir différemment et ne pas prendre en compte ma demande qui me parait tout à fait légitime.

Ce peut être un mal de tête, une gêne ou une douleur physique qui ne passe pas. Et je porte toute mon attention sur cette douleur en me demandant pourquoi elle ne passe pas, quand elle va enfin passer et si elle plus intense qu'il y a une heure. Il se peut même que j'essaye d'emporter les autres dans ma douleur en leur en parlant sans cesse afin qu'ils se rendent compte ce que je vis, qu'ils compatissent ou qu'ils me plaignent. A ce moment là, je n'accepte pas qu'une douleur soit présente dans mon corps et je fixe mon attention dessus en y ajoutant de l'impatience, de l'irritation, de la pénibilité, voir de la tristesse.

Ce peut-être aussi un événement qui s'est passé sur lequel nous n'avons aucun contrôle, aucune emprise et surtout aucun moyen de le changer ou d'en changer les conséquences. Nous ressassons cet événement, nous revivons cet événement, nous parlons de cet événement comme si il venait d'arriver et comme si nous voulions remémorer aux gens à quel point cet événement à changer notre vie ou nous a impacté. En faisant cela, nous n'acceptons pas ce qui s'est produit et nous nous infligeons une double peine en nous faisant revivre sans cesse cet événement et ses conséquences.

Que ce soit une douleur physique, une insomnie, un événement heureux ou moins heureux, le mauvais temps, les bouchons sur l’autoroute, une personne, un train en retard, un enfant qui pleure dans le bus, notre physique...nous pouvons rarement modifier ce qui se passe ou ce qui s'est passé.


Toutes ces pensées, ces sentiments ou ces sensations corporelles qui émergent chaque jour et que parfois nous décidons de ne pas accepter en essayant de les fuir, de les combattre, de les geler ou encore de les revivre, ajoutent de la tension et de la frustration à des choses que nous ne pouvons pas changer la plupart du temps. Lorsque nous aimons ces pensées, ces sentiments ou ces sensations, il arrive que nous décidons de nous y accrocher car nous n'acceptons pas de les voir s'envoler. Si au contraire, nous ne les aimons pas, nous avons parfois tendance à vouloir les faire disparaître, à les éliminer ou à se laisser submerger par l'impuissance.


Et si nous décidions de changer la manière dont nous vivons toutes ces choses? Et si nous décidions de ne pas se laisser submergé par des sentiments et des sensations qui ne font que créer tension, frustration et crispation?


Accepter qu'une douleur puisse être présente, accepter qu'un événement soit arrivé, accepter que notre compagnon ait une habitude qu'il ne changera jamais et que ce n'est pas uniquement pour nous embêter qu'il la garde, accepter d'être qui nous sommes, accepter que le temps ne changera pas malgré nos commentaires incessant sur le froid ou la chaleur qu'il fait, accepter que nous sommes bloqués dans un embouteillage et que nous n'avons pas d'autre choix que d'attendre, accepter nos petits "défauts" physiques que personnes ne remarquent à part nous, accepter que certaines personnes pensent différemment et que malgré nos arguments, ils ne changeront pas d'avis, accepter que nous soyons tous différents...

Accepter pour se détacher de ce que nous ne contrôlons pas.

Accepter, c'est nous aider à vivre en paix avec les autres et avec nous mêmes.

Accepter, c'est ne pas créer de tensions et de crispations supplémentaires.

Accepter,c'est changer notre manière de ressentir et de vivre, en arrêtant d'essayer de rendre les choses différentes.


Mais quand je parle d'acceptation, je ne dis pas qu'il faut se résigner ou être d'accord. Accepter nous permet de devenir pleinement conscient des difficultés afin d'y répondre de manière plus adroite sans retomber dans nos schémas automatiques souvent inefficaces.

Acceptation ne signifie pas, quels que soient les efforts d’imagination qu’on déploie, résignation passive. Bien au contraire. Il faut énormément de courage et de motivation pour accepter ce qui est – en particulier quand ce n’est pas à notre goût – et pour travailler le plus consciemment et le plus efficacement possible sur notre situation, avec les ressources à notre disposition, pour établir des liens de sagesse avec ce qui est – ce qui peut signifier, à un moment donné, atténuer, guérir, rediriger ou changer ce qui peut être changé. (Kabat-Zinn, 2010, p. 90)

En acceptant nos expériences, qu'elles soient désagréables ou agréables, nous apprenons à lâcher prise.


Il faut lâcher, même le lâcher- prise ! C’est-à-dire que lorsque nous allons mal, nous ne devons pas chercher à nous rajouter des efforts pour aller mieux. Mais simplement accueillir. Etre là. (...). L’abandon c’est se laisser aller dans les hauts et dans les bas. Car ça passe. Tout passe, et ce n’est jamais dramatique. Nous pouvons bien essayer de tout changer dans notre vie, cela ne la modifiera pas dans ce qu’elle est intrinsèquement : ce mouvement perpétuel de hauts et de bas. Alexandre Jollien (2012).

Lâcher prise sur les expériences que nous ne maîtrisons pas nous libère, nous soulage et nous détend. En faisant cela, nous contribuons à vivre les instants présents avec un œil nouveau, bienveillant envers nous même et envers les autres.

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